Impardonnable 20e siècle

Vers 1900, toutes les fées ou presque sʼétaient penchées sur le berceau du nouveau siècle : découvertes scientifiques prodigieuses, élévation des niveaux de vie, acclimatation progressive de la démocratie et du libéralisme, avancée des libertés, diffusion de lʼinformation et de lʼimage, irruption de courants artistiques inédits. Dans les pays occidentaux du moins, lʼavenir sʼannonçait radieux. Au lieu de cela, le déclenchement de la guerre en août 14 a ouvert un cycle qui semble ne sʼêtre clos quʼen 2001 avec la destruction des Twin Towers, et lʼhumanité a gâché toutes ses chances. Vue avec le recul dʼune génération, celle-ci nʼa pas suivi au 20e siècle une trajectoire linéaire, elle a emprunté toutes les fausses pistes, elle a engendré le totalitarisme, le matérialisme, le génocide, la contre-culture, lʼidolâtrie des robots, les désastres écologiques, la dérégulation incontrôlée et toutes sortes dʼautres doctrines et de pratiques mettant lʼhumanisme en péril. Certes, rien nʼa totalement découragé lʼespèce dans sa volonté de progrès et un filet dʼespérance a toujours subsisté. Lʼesprit de recherche nʼa pas irrigué la seule science mais aussi les lettres et les arts qui nʼont pas été privés de révolutions fécondes : nul doute que la création ait alors connu des succès comparables à ceux des époques passées. Si les églises et les observances ont perdu du terrain, la spiritualité est demeurée une ressource inépuisable. Quant à lʼintelligence, qui a plusieurs fois précipité le monde au bord de lʼanéantissement, elle a fait défaut, hélas, en rejetant une autre exigence universelle, la conscience sans laquelle lʼêtre nʼest capable ni de dépasser ses perceptions ni de maîtriser lʼimpact de son action. Cʼest seulement de la science réunie à la conscience que pourrait venir la rédemption au 21e siècle.