Résumé
Comment éclairer l’exercice du pouvoir dans les campagnes cinquante ans durant à travers les vicissitudes du XVIIe siècle ? Faire resurgir derrière un notable paysan la vie de tout un village à l’époque rude de Corneille, des frères Le Nain ou de Vincent de Paul ? Remettre en place les acteurs, les rouages et le décor de la société rurale alors que la France bascule en pleine guerre de Trente Ans ?
C’est à partir d’un « inconnu », resté jusqu’ici dans les coulisses de l’histoire, que l’auteur répond à ce défi. Son guide a pour nom Nicolas Delacour, officier forestier et receveur d’une seigneurie en Île-de-France. Le lieu, c’est Maffliers, dans l’actuel Val-d’Oise. C’est grâce à ce personnage, à la fois chef de clan et politicien local, et à sa longévité – il est mort octogénaire en 1668 – que cette biographie sociale a vu le jour. Et la quête a largement dépassé les espérances.
Avec Nicolas Delacour, le travail de l’historien trouve un éclairage sans pareil sur le monde rural d’alors. Le village qui renaît, suivi au ras du sol, témoigne pour bien d’autres. Dans l’immense tissu des relations individuelles où les fils n’arrêtent pas de se croiser, l’aventure humaine se déploie à chaque strate, du mendiant au grand seigneur. On entend les battements du cœur collectif et on saisit les palpitations d’une société en tension. Malversations, destructions, pillages, règlements de comptes : les campagnes connaissent des heures sombres. Au château, à l’église, dans les champs et les jardins, au cœur de la forêt, la violence est reine mais la joie demeure. Une fresque aux accents breughéliens.